LA RÉSERVE
Projet pour un parc sans nom, Dare-dare, Montréal, 2007.

 
La Réserve est une installation conçue en 2007 à partir de l'histoire particulière d'un parc laissé sans affectation par la ville de Montréal. Ne sachant pas quoi faire, la municipalité avait décidé de ne rien décider et de laisser blanc cet espace sur le plan. Pour que cette décision par défaut ne soit pas modifiée par l'usage, on avait entouré le terrain d'une clôture pour en interdire l'accès. En s'y installant en 2006, Dare-dare a ouvert la clôture et s'est doté d'une cartographie au libellé intrigant : «situé dans un parc sans nom». Je me suis inscrit dans cette histoire en imaginant un dispositif par lequel ce parc sans nom est devenu Le parc sans nom.
 
 
Une structure, installée au seuil du parc, empruntait à la ville de Montréal les deux carrés, l'un rouge et l'autre gris, qui désignent habituellement ce qui relève de son équipement (piscines, arénas, écoles, parcs, etc.). Mais cette citation de la signalétique municipale s'en distinguait en ceci que les deux carrés étaient privés de toute inscription : aucun logo, aucun nom ne venait préciser la désignation. Cette enseigne silencieuse inscrivait dans l'espace réel le caractère «a-nomimal» du parc sans nom.
 
 
Une valise, mobile et transparente, contenant un néon allumé reproduisant les mots Nous y voilà, venait compléter ce dispositif. À la présence en creux d'un lieu sans nom, répondait l'intégrité d'une présence s'affirmant sans ancrage spécifique, un nom sans lieu. Prenant le contre-pied du classique « vous-êtes-ici » qui permet de se repérer sur un plan, la valise-mot «Nous y voilà» ne peut se référer qu'au territoire où elle prend place. Nous y voilà parce que nous avons projeté d'y être ; mais où sommes-nous ? Un cheminement est arrivé à son terme, mais s'agit-il d'un déplacement dans l'espace réel (le terme d'une marche) ? ou dans l'espace mental (le terme d'un raisonnement) ?
 
 
 
Voir aussi Nous y voilà