PARTI

Parti se déroule en deux temps sur une dizaine d’années.
Étape 1 - Alegria, film vidéo réalisé à Paris en 1999, à partir de 3 minutes de super 8 tournées à la Havane, lors d’un séjour d’études à l’Instituto Superior de Arte en 1998.
Étape 2 - Parti, installation réalisée à Montréal en 2006, comprenant une feuille de contreplaqué découpée, une inscription murale et une projection vidéo grand format.
 
 
Étape 1 - Alegria
Ce film met en parallèle deux défilements :
D’une part, la projection d’un travelling de trois minutes tourné à bord d’un taxi sur le Malecon, front de mer de la Havane. Long de 8 kilomètres, haut lieu de la mélancolie cubaine, ce boulevard symbolise pour nombre de promeneurs le départ des balseros, ces émigrants ayant fuit la dictature, souvent au péril de leur vie, sur des embarcation de fortune.
D’autre part, un tapis roulant actionné au moyen d’une perceuse donne l’impression qu’une petite voiture, de type « rallye », roule à toute vitesse. Le tapis roulant placé devant la projection du film super 8 crée un dispositif illusionniste qui suggère l’idée que la voiture s’intègre au paysage, qu’elle parcourt le Malecon. Mais la ficelle est un peu grosse, et le spectateur finit par éprouver que la voiture ne s’intègre pas au paysage.
 
 
Étape 2 - Parti
En 2006, une photo est parue dans la presse qui montrait des balseros cubains ayant transformé une automobile en radeau. En même temps qu’elle me rappelait le film Alegria, cette photo le mettait en crise. Je réalisais que son cadre, obstinément accroché à la gesticulation sans but du petit véhicule, donnait de fait le premier rôle au touriste, que je n’avais pas pu changer de point de vue.
C’est dans cette optique que j’ai voulu réaliser une pièce en creux. Non pas quelque chose qui montre, et qui échoue à montrer, mais un découpage, une absence. Le bras et la portière - le premier creusé dans la seconde - sont les parties orphelines d’un tout ayant disparu, la marque visuelle d’une présence retirée.
L’inscription PARTI qui donne son titre à l’installation, est une citation des nombreux mots d’ordres révolutionnaires qui occupent les murs cubains.
En face, l’incessant balai des essuie-glaces suppose une tempête en même temps qu’il propose un abri. Ces deux opérations s’annulent l’une l’autre pour former une équation neutre où l’on ne sait plus si c’est l’abri qui dessine la tempête ou la tempête qui matérialise l’abri.
 
 
Vue de l'exposition Faire Écran, 2006