DÉPARTEMENT DES COÛTS
Exposition L'échelle humaine, Galerie Saw Galery, Ottawa, 2007.
Voir aussi Valoir le clou : Une histoire lacunaire de l'accrochage, article paru dans Altérités vol. 8 no. 1, 2011

 
Au seuil d'une petite salle de la galerie, au fronton de laquelle j'ai porté l'inscription «Département des coûts», j'ai accroché deux marteaux. Sur la face percutante de ces marteaux était collée une étampe reproduisant l'inscription : «ça ne vaut pas un clou».
 
 
Dans la pièce étaient disposés des tampons encreurs. Le spectateur comprenait ainsi qu'il avait la possibilité de se saisir du marteau pour en frapper les murs de l'institution artistique.
 
 
 
On sait depuis Duchamp que «Ce sont les regardeurs qui font les tableaux»; une oeuvre d'art existe par l'intention de son auteur autant que dans la reception qu'on en fait, que l'art est avant tout une affaire de communication entre les hommes : sommes-nous d'accord pour estimer ensemble que cette proposition est une oeuvre d'art ?
 
 
Mon dispositif fait du spectateur l'arbitre ultime de cette estimation ; il martèle les murs de cette terrible assertion : cette oeuvre ne vaut même pas le clou pour l'accrocher. Mais ou est l'oeuvre qui ne vaut pas un clou ? Si on ne la voit pas, comment l'estimer ? Et plus généralement comment juge-t-on ? Le jugement peut-il remplacer l'oeuvre elle-même ?
 
 
Dans mon intention, les murs du Département des coûts étaient vides avant qu'on ne les recouvre petit à petit d'un jugement de valeur sur une oeuvre qui resterait absente. Dans les faits, les murs de la petite salle qui m'avait été confiée pour réaliser cette pièce ont littéralement été détruits sous les coups des «regardeurs». À l'issue des 5 semaines de l'exposition il a fallu la reconstruire entièrement.
 
 
 
 
Voir aussi: Quelques bon clous